Course de côte du Mont-Dore 2022, championnat de France de la montagne HTCCCette année, je voulais participer à ma 2ème course de côte après celle de l'an dernier où ça s'était très bien passé avec un podium à la clé et un temps scratch de 3mn27''813
Seulement, voilà ! C'est un véritable
roman que je vais vous conter, avec beaucoup de suspens !
Les 11 et 12 juin 2022, j'avais participé à la course HTCC à Lédenon, un circuit que je découvrais. Mais la chaleur était terrible : 40°c dehors et 61°c relevé à l'intérieur de ma voiture !
Le joint de culasse n'a pas supporté...
Une course contre la montre s'est alors déclenchée : pourrais-je être prêt à temps pour le Mont-Dore ?
Dès la semaine suivante, j'amène la 75 malade auprès de mon pote garagiste C. et une solidarité s'enclenche : des amis m'envoient un joint de culasse neuf gratuitement ! Merci à eux !
Aussitôt arrivée, la 75 est prise en charge par C.
Les compressions ne sont pas bonnes avec dans l'ordre de cyl 1 à cyl 4 : 5 – 3,2 – 2,7 – 5,1
Le pessimisme est de mise...
C. déculasse rapidement et envoie la culasse à un rectifieur : éprouvage et ressurfaçage culasse.
Malheureusement, début juillet, C. (et moi aussi) part en vacances pour 3 semaines, retour prévue le mardi 2 août !!!
La semaine du 1er août arrive, l'angoisse aussi ! C. attaque dès mardi 8h. Je suis allé le voir le soir, il me dit que le problème de fuite des compressions vient des soupapes et que l'arbre à câmes échappement est mort ainsi que les poussoirs, il vient de changer les guides de soupape et fait le rodage des soupapes, heureusement, j'avais une autre culasse complète en réserve, on récupère les arbres à câmes, on change les 8 poussoirs par des neufs.
Puis C. bosse comme un fou jusqu'à 8h du soir, mardi 2 et mercredi 3 août. Mercredi soir la culasse est remontée, non sans en avoir chié avec les vis difficiles d'accès...
Jeudi 4 août, 13h, je reçois un message téléphonique : la 75 est prête !!!
Avec ma femme et mes 2 enfants, on part la chercher avec la remorque, retour à la maison, il est 19h !
Vendredi matin, préparation totale de la voiture, des outils, de l'équipement pilote. Départ 14h pour le Mont-Dore afin de faire les vérifications administratives et techniques obligatoires !
C'est déjà une grosse victoire ! Mais l'angoisse revient : est-ce que le moteur va tenir ? Est-ce que je ne vais pas avoir des soucis ? Bref, je passe, déjà, une mauvais nuit tellement je suis stressé...
Samedi matin, première montée essai à 8h15, réveil à 6h, la tête dans les choux !
Démarrage du moteur : pas de fumées suspectes, tout est OK. Je me mets en place pour le départ dans l'ordre décroissant des numéros des voitures du HTCC.
Le départ se fait toutes les 30sec, de manière à avoir une marge entre concurrents.
Le paddock avec la 75 bien à l’abri avec ses copines
Il fait frais (15°c), les pneus sont froids, les freins aussi. Mais je suis déjà d'attaque, bien concentré avec en tête déjà les premières trajectoires à négocier !
Je pars !
Premier virage, virage dit « du transformateur », un des virages les plus difficiles à négocier, se prend en 2 fois (2 cordes) : grosse frayeur, la 75 part en survirage à gauche puis coup de raquette à droite
, mais je ne panique pas et je dompte mon destrier en restant toujours en second rapport, puis je continue la montée. Les pneus commencent à chauffer, les freins aussi, le comportement routier de ma 75 s'améliore, la confiance revient, tout va bien ! Le moteur a l'air de bien marcher mais un peu plus haut dans les tours qu'avant.
Arrivé avant la carrière (¾ de la montée), je rattrape le concurrent parti devant moi !!! j'hallucine
, je me dis il a un soucis mécanique ! Bon je me dis : comment le doubler ?
Je suis derrière lui, m'a-t-il vu ? Soudain je vois un commissaire de piste agiter un drapeau bleu (il sert à avertir un concurrent qu'un autre est derrière lui et veut le doubler).
Aussitôt, le-dit concurrent freine !!! putain j'arrive très vite derrière lui, je bloque alors les roues dans une grand nuage
! Puis in-extremis, je le double par la gauche, l'ayant vu se serrer à droite.
Je rétrograde en seconde et relance le moteur pleine balle ! [:so-saugrenu4:7]
A l'arrivée, je vois mon temps de montée affiché : 3mn27''561, soit un peu plus vite que ma meilleure montée de l'an dernier :ouch: ! Je suis alors super content, je me dis que ça sent bon pour ce week-end !!!
On redescend puis je fais un check général de la mécanique : je m'aperçois que j'ai encore des soucis de débordement de liquide de refroidissement. C. m'avait averti que le niveau d'eau n'était pas fait correctement faute de temps. Ca avait alors coulé dans l'habitacle aux pieds passager, d'où cette odeur âcre pendant la montée.
On fait les niveaux, on vérifie le serrage des colliers, durites, etc.
La 75 glisse beaucoup, je décide donc de baisser la pression des pneus qui étaient à 1,9 bars à froid, je les mets à 1,7 bars.
Puis je m’aperçois, après check visuel, qu'il y a de grosses taches d'huile sur le tablier, juste derrière la culasse, côté admission :ouch: ! Bizarre... je regarde, je ne vois rien d'anormal... dans le doute, j'envoie un texto à mon ami Alex, le gourou de la 75 turbo. Il me dit de regarder vers le joint caoutchouc en demi-lune du couvre-culasse. Pas de place pour regarder, alors je touche avec mon doigt et je me rends compte que ce joint est absent !!! sans doute qu'il s'est barré pendant la montée !
Je nettoie tout autour et je mets du ruban adhésif américain pour boucher ce trou.
Puis vient l'heure de la seconde montée essai, comptant pour la position de départ (essai scratch). Je suis confiant, un peu détendu.
Trop apparemment car je réalise un très mauvais départ en calant presque...
Je monte en me faisant quelques petites frayeurs : quelques passages très très chaud où j'ai frôlé les rails. Je voyais l'herbe voler entre le rail et mon aile et portière avant !!!
Admirez la roue avant droite en l'air
Verdict : 3mn22''961 !!! quel temps réalisé [:wark0] ! J'ai fait mieux que Bernard et sa BMW 2002 Ti qui avait fait un 3mn24'' (son meilleur temps comme l'an dernier en ce qui lui concerne)!!!
Je me classe second général HTCC derrière l'intouchable Civic de T. Compains mais surtout 1er catégorie devant les ténors du HTCC que sont Bernard, Olivier, Levla, Patrick, Michel, etc.
Alors oui, ce n'est que l'essai scratch mais quand même, ça me rend quelque peu fier !
Après un bon repas avec un délicieux choux farci, histoire de prendre des kg en trop
, pris à 16h30 (!) à cause des nombreuses interruptions dues à des accidents, le départ de la 1ère montée course se fera assez tard.
Très motivé, je fais cette course avec quelques petites fautes de pilotage, dont un gros freinage où j'ai « allumé » les pneus, mais avec toujours un départ moyen.
Je claque alors un temps de 3mn22''282 !!! J'ai donc encore progressé !!!
A l'arrivée, je vois Bernard blanc comme un linge, mais avec un grand sourire : il vient de claquer un super temps de 3mn17'' le salaud !!!
Je suis donc provisoirement 3ème général et 2ème catégorie derrière Bernard !
Mais pas le temps de tergiverser : il y a de la fumée qui sort de mon habitacle et du capot moteur !!!
Putain, je sors en vitesse et les copains ouvrent le capot : on voit à côté du turbo un gros morceau blanc en feu !!! On éteint en soufflant dessus à 3 mecs !
C'est une durite de retour pour le réglage de pression de turbo vers la molette de réglage au tableau de bord qui est apparemment tombée sur le turbo très chaud (1000°c) et a pris feu !
Le tuyau qui a fondu est celui de gauche (on voit aussi la trace blanche sur le turbo)...
Ouf, plus de peur que de mal. Le feu est éteint et rien d'important n'a été touché par ce feu.
La journée se termine donc bien !
La parc concurrent à l'arrivée au sommet avec le soleil finissant
Comme vous le savez, le classement final se fait sur le cumul des temps des 2 meilleures montées course sur les trois montées. Il faut donc que je fasse au moins une deuxième montée aussi bonne que cette première, c'est mon objectif.
En attendant, la nuit commence à tomber, on rentre à la maison (oui on habite à 20mn du lieu du départ!) et après dîner, j'essaie de dormir...
Dimanche matin, réveil 6h30, la seconde montée course aura lieu à 10h50, ça me laisse tout juste le temps de faire les réparations, de tout revérifier, refaire les niveaux, etc.
Je décide aussi de baisser encore la pression des pneus à 1,65 bars : la 75 glissait moins avec 1,7 mais c'était encore trop glissant à mon goût. D'autant plus qu'il fait beau et chaud (26°c).
Ultra motivé, je me prépare pour la seconde montée course et là, je réalise un très bon départ, ça sent bon pour la suite !
Je fais les 5,1 km de montée pratiquement sans faute de pilotage, mais avec quelques passages chaud... dont un décollage de roue avant droite à la corde d'un virage droite...
Verdict du chrono à l'arrivée : 3mn20''757 putain !!!!!!!! une immense joie m’envahit !!!
Je conserve ma 2ème place provisoire catégorie, mais surtout, je suis très content de moi : j'ai énormément progressé (ça fait quand même 7sec de moins que l'an dernier).
Toutefois, je sens que je suis à la limite des performances de ma vielle 75 turbo. Je me dis que ça sera difficile de faire mieux pour la 3ème montée course...
A peine le temps de redescendre vers le paddock qu'un commissaire me dit que mon prochain départ sera à 14h15 ! Or il est 13h00 !
Pas le temps de manger au resto avec les gars du HTCC, je prends un sandwich, je bois beaucoup d'eau et je re-check la mécanique, pression des pneus, remise à niveau essence, etc.
Mes enfants sont présents, ma fille me masse le cou, merci ma chérie !
Je suis serein car j'ai déjà un joker avec deux très bon temps de montée.
Je me prépare pour la 3ème et dernière montée, ma femme et mon père me rejoignent, toute la famille est présente pour me soutenir et vont se positionner dans la montée avant le virage du transfo.
Je réalise un départ moyen putain... alors, mécontent de moi, la hargne m'envahit et je fais la montée le couteau entre les dents, avec encore quelques passages très chaud comme au virage « Rouveyran » et au virage du buron où la roue avant droite décolle, la 75 semble décoller aussi, retombe brutalement en me mettant une claque à mes fesse
! et soudain j'entends un bruit grave sous la voiture... mais ça ne perturbe pas le moteur, ni le comportement routier, je check vite fait les freins pour voir si ça freine, je regarde dans mes rétros pour voir si ça ne fume pas et je continue la montée toujours avec la hargne !!!
Je claque alors un 3mn20''519 !!! yahouuuu !!!
J'arrive donc sur le parking concurrent complètement lessivé, les mains et les genoux tremblants, mais heureux comme un gosse
! Puis je sors à peine de la 75 qu'il faut déjà redescendre...
Bon j'ai juste le temps de voir que le total cumul des deux meilleures montées est de 6mn41''276 !!! je conserve alors ma seconde place catégorie malgré le très bon chrono d'Olivier (de mémoire 3mn20''480!).
Au paddock, je regarde sous la 75 et je constate que le pot central s'est décroché et ne tient que sur l'arrière posé sur le cardan de transmission dont le soufflet a disparu sans doute fondu ainsi que la graisse du cardan !!!
Il était temps que ça finisse pour ma pauvre vielle 75 turbo ! N'empêche qu'elle a été très vaillante et m'a supporté tout le week-end ! Merci ma vielle !!!
Remise des prix : l'an dernier, j'étais monté sur la 3ème marche du podium, cette année, c'est la deuxième marche !
La redescente, toujours un super moment avec les applaudissements des spectateurs et des commissaires
Le podium
On range alors tout le matériel, on charge la 75 sur la remorque et on prend l'apéro avec les gars du HTCC, huîtres de Charente-Maritime et vin blanc : c'est ça l'esprit de convivialité du HTCC !